Imposition des mains et onction :
recherches sur l’adjonction de rites additionnels
dans les liturgies baptismales primitives

Première partie

L’imposition des mains

Laurence Decousu

Abstract

A recently published work dealt with the loss and recovery of the Holy Spirit in the early Church in the context of the reconciliation of heretics and penitents [see L. Decousu, La perte de l’Esprit Saint et son recouvrement dans l’Église ancienne. La réconciliation des hérétiques et des pénitents en Occident, du IIIe siècle jusqu’à Grégoire le Grand (Studies in Catholic Theology 1), Boston-Leiden, Brill 2015]. Based on the conclusions reached by that study (the communication of the Spirit by God to the believer is the fruit of a divine initiative, which is immediate – without the mediation of a rite –, free and sovereign, and which can occur before or after baptism), the present article deals in a fresh and original way with the origin and meaning of the rites of Christian initiation. It consists of two parts : the first one looks at the laying on of hands, the second one at the anointing.

First part : the laying on of hands

It was only when the Spirit had not been received that hands were imposed with prayer for the Spirit’s coming. The laying on of hands in Acts 8:15-17 and 19:1-7 did not belong to a baptismal rite but to a special practice, whose purpose was to remedy the absence of the Spirit. These two episodes foreshadow the early Church’s penitential practice. At first used in the context of penance, the imposition of hands for the gift of the Spirit later became a baptismal tradition, towards the end of the 2nd century.


Résumé

Un ouvrage récent sur la perte et le recouvrement de l’Esprit Saint dans l’Église ancienne [L. Decousu, La perte de l’Esprit Saint et son recouvrement dans l’Église ancienne. La réconciliation des hérétiques et des pénitents en Occident, du IIIe siècle jusqu’à Grégoire le Grand (Studies in Catholic Theology 1), Brill, Boston-Leiden, 2015] offre une problématique nouvelle sur le mode de communication de l’Esprit Saint au croyant. À partir des conclusions de cette étude (la communication de l’Esprit par Dieu aux croyants est le fruit d’une initiative divine, qui est immédiate – qui ne requiert pas la médiation d’un rite –, libre et souveraine, et qui peut survenir avant ou après le baptême), le présent article s’attache à revisiter l’origine et la signification des rites de l’initiation chrétienne. Il comprend deux parties : la première concerne l’imposition des mains, la seconde la chrismation.

Première partie : l’imposition des mains

C’est seulement quand l’Esprit Saint n’avait pas été reçu qu’on imposait les mains en priant pour qu’il vienne. L’imposition des mains épiclétique effectuée en Ac 8,15-17 et Ac 19,1-7 ne s’inscrit pas dans une coutume baptismale, mais relève d’une pratique occasionnelle destinée à remédier à une vacance de l’Esprit, et préfigure la pratique de l’Église ancienne en matière de pénitence. D’abord en usage dans la pénitence, ce rite n’est devenu une tradition baptismale que vers la fin du IIe siècle.

Laurence Decousu est Docteur en Théologie Catholique de l’Université Marc Bloch de Strasbourg (France) et Diplômée de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem..